L’objectif ambitieux de l’Union européenne de devenir le premier continent climatiquement neutre d’ici 2050 a incité les industries à transformer leurs offres de produits, ce qui a conduit au développement de nombreuses technologies durables, des véhicules électriques aux systèmes de stockage solaire alimentés par batterie. En tant que contributeur important aux émissions de gaz à effet de serre (GES), le secteur de l’industrie joue un rôle essentiel dans la transition vers un avenir à faible émission de carbone.

Dans cet environnement difficile, les modèles de produits en tant que service (PaaS) peuvent permettre aux constructeurs de renforcer leurs activités, de diversifier leurs sources de revenus et d’obtenir des résultats plus durables à la fois pour leurs clients et pour la planète.

Une offre de services riche et diversifiée

La transition énergétique est à l’origine d’une importante transformation des entreprises, qui adoptent à grande échelle des solutions technologiques durables et intelligentes. Qu’il s’agisse de systèmes d’énergie éolienne ou solaire, de pompes à chaleur à haut rendement énergétique ou d’infrastructures de recharge pour véhicules électriques, les entreprises ont de plus en plus besoin de solutions durables pour assurer l’avenir de leurs activités.

Les modèles PaaS permettent aux fabricants de passer de la vente d’un seul produit à une approche basée sur les services. Cela implique de multiples points de contact avec le client tout au long du cycle de vie de l’équipement, y compris le déploiement, la maintenance et le renouvellement du produit.

Le partenariat entre l’aéroport de Schiphol et Signify (anciennement Philips Lighting) pour la mise en œuvre d’une solution d’éclairage circulaire est un excellent exemple de cette approche. Ce contrat intégral d’éclairage en tant que service (Light-as-a-Service ou LaaS) comprend la conception, l’installation, la maintenance, les remplacements et le traitement en fin de vie. Le système d’éclairage connecté permet d’identifier et de réparer immédiatement les pannes, ce qui renforce l’efficacité et améliore l’expérience des clients.

En adoptant les modèles PaaS, les fabricants gardent contact avec leurs clients tout au long de la période contractuelle, ce qui favorise la confiance et la fidélisation. Au lieu de prendre en charge l’investissement initial, les clients paient pour le service qu’ils utilisent ou pour les résultats obtenus. Cela crée un cycle de vente plus dynamique et continu, réduisant la dépendance à l’égard des ventes ponctuelles de produits.

Responsabilité Elargie du Producteur

L’UE a mis en œuvre plusieurs règlements établissant des cadres de Responsabilité Elargie des Producteurs (REP), exigeant des producteurs qu’ils gèrent l’ensemble du cycle de vie de leurs produits, y compris l’élimination en fin de vie.

Les modèles PaaS sont des outils précieux pour répondre aux exigences de la REP. Ils permettent aux fournisseurs de conserver la propriété de leurs équipements et d’en assurer le suivi. Lorsqu’un bien atteint la fin de sa durée de vie utile, il est renvoyé au fabricant, ce qui lui permet de finaliser le processus des matériaux et de contribuer à une économie circulaire. En conservant la propriété et la responsabilité, les fabricants sont mieux placés pour respecter leurs engagements en matière de développement durable.

Dans un monde de plus en plus axé sur la durabilité et la circularité, les modèles PaaS sont non seulement judicieux d’un point de vue commercial, mais ils ouvrent également la voie à un avenir plus durable et plus résilient.

La transition vers une économie circulaire n’est plus une lointaine aspiration, c’est une réalité urgente. L’objectif ambitieux de l’UE d’une économie entièrement circulaire d’ici 2050 exige un changement fondamental dans la manière dont nous concevons, produisons, distribuons et consommons les biens. Cela nécessite une restructuration du système, accompagnée du développement de nouvelles technologies, de nouveaux processus et de modèles innovants.

L’un des outils les plus prometteurs dans ce domaine est le produit en tant que service (Product-as-a-Service en anglais ou PaaS). Ce modèle innovant permet aux organisations d’adopter et d’intégrer efficacement la circularité dans leurs activités. Chez BNP Paribas Leasing Solutions, nous étudions cette opportunité en détail dans notre dernier rapport, Exploiter le potentiel du Product-as-a-Service , qui examine le rôle que le PaaS peut jouer dans la transition d’une économie linéaire à une économie circulaire.


Qu’est-ce que le PaaS ?

Le PaaS réimagine la manière dont les biens et les services sont fournis et consommés. Traditionnellement, les consommateurs ou les entreprises achètent purement et simplement la propriété d’un produit. Une fois arrivé à la fin de son cycle de vie, il est souvent jeté, ce qui est caractéristique de l’économie linéaire à usage unique.

En revanche, le PaaS met l’accent sur l’accès plutôt que sur la propriété. Au lieu d’acheter l’actif, les utilisateurs paient pour la valeur ou les avantages que le produit fournit. Le fournisseur reste propriétaire du produit tout au long de son cycle de vie et offre des services à valeur ajoutée – tels que la maintenance, les mises à niveau et le recyclage éventuel – sur la base d’un abonnement.

Le PaaS est-il pertinent pour votre secteur ?

Le potentiel du PaaS s’étend à de nombreux secteurs, offrant des avantages uniques tant pour les entreprises que pour l’environnement :

  • L’agriculture : Les agriculteurs peuvent accéder à des équipements de grande valeur comme les tracteurs et les moissonneuses grâce à des modèles d’abonnement flexibles, ce qui réduit les coûts initiaux et améliore les flux de trésorerie. Les fabricants bénéficient de revenus prévisibles et de la possibilité d’optimiser l’utilisation des équipements grâce à l’analyse des données.
  • Les technologies durables: Le PaaS simplifie l’adoption de technologies durables telles que les véhicules électriques (VE) en regroupant l’achat du véhicule, l’infrastructure de recharge et les services de maintenance en un seul abonnement. Cela permet de réduire les coûts initiaux pour les consommateurs et d’accélérer la transition vers des transports plus propres.
  • Les transports : Les modèles de transport en tant que service (Truck-as-a-Service en anglais ou TaaS), dans lesquels les opérateurs paient au kilomètre parcouru, optimisent l’utilisation des véhicules, réduisent la consommation de carburant et améliorent la sécurité des conducteurs grâce à la télématique avancée et à la maintenance prédictive.
  • Le secteur médical : Les modèles PaaS pour les équipements médicaux, tels que les appareils d’IRM, garantissent une utilisation optimale et réduisent le poids de l’investissement initial pour les prestataires de soins de santé. Les fabricants peuvent optimiser la maintenance des équipements et prolonger la durée de vie des biens grâce à des informations fondées sur des données.
  • L’informatique : Les modèles « Device-as-a-Service » permettent aux entreprises d’accéder aux technologies les plus récentes tout en minimisant les risques liés à l’obsolescence du matériel. Les fabricants peuvent créer de la valeur grâce à la remise à neuf et à la recommercialisation des appareils, en prolongeant ainsi le cycle de vie des produits et en réduisant les déchets électroniques.
  • Le secteur de la construction : Les modèles PaaS pour les équipements lourds permettent aux entreprises de construction d’accéder aux dernières technologies sans investissement important. Les fabricants peuvent optimiser l’utilisation des équipements, améliorer l’efficacité de la maintenance et récupérer des matériaux précieux à la fin du cycle de vie de l’équipement.

Principaux défis du PaaS

Bien que le potentiel du PaaS soit important, plusieurs défis doivent être relevés pour en faciliter l’adoption à grande échelle :

  • Développer une infrastructure de données solide : La collecte, l’analyse et le partage des données tout au long de la chaîne de valeur sont essentiels pour optimiser les modèles PaaS et mesurer leur impact sur l’environnement.
  • Instaurer la confiance et la transparence : La mise en place de contrats clairs, la garantie de la confidentialité des données et une communication transparente entre les prestataires et les consommateurs sont essentiels pour instaurer la confiance et des relations à long terme.
  • Aborder les cadres réglementaires et juridiques : Adapter les réglementations existantes et développer de nouveaux cadres pour soutenir les modèles d’affaires circulaires et faciliter la transition vers le PaaS.
  • Investir dans les compétences et la formation : Développer les compétences et l’expertise nécessaires des collaborateurs pour concevoir, mettre en œuvre et gérer des modèles d’entreprise circulaires.

Le modèle produit en tant que service constitue un levier puissant pour accélérer la transition vers une économie circulaire. En privilégiant l’usage plutôt que la propriété, il permet de générer des bénéfices tout en réduisant l’impact environnemental. En adoptant cette approche innovante, entreprises et décideurs politiques peuvent contribuer à dissocier la croissance économique de la dégradation de l’environnement, ouvrant ainsi la voie à un avenir plus durable et plus équitable pour tous.

La concurrence est féroce pour les fabricants et les négociants de toutes les industries. Les décisions stratégiques concernant la gestion des stocks, l’optimisation des flux de trésorerie, l’amélioration du pouvoir d’achat et la proposition de solutions plus flexibles pour les clients peuvent constituer un véritable levier de différenciation et offrir aux entreprises un avantage concurrentiel décisif.   

Perspectives mondiales, connaissances locales 

Aujourd’hui, les frontières se dissolvent au fur et à mesure que les entreprises étendent leurs activités à l’échelle internationale. Évoluer dans cette économie mondiale avec des chaînes d’approvisionnement complexes et devant se conformer aux réglementations locales est un challenge. 

​Pour prospérer dans cet environnement, les entreprises ont besoin de partenaires de confiance dotés d’une vision globale, capables de les aider à faire preuve de souplesse et de résilience face aux défis économiques, tout en saisissant pleinement les opportunités qui se présentent.  

​La connaissance locale est tout aussi importante. Trouver un partenaire mondial de financement avec des équipes locales sur le terrain qui offrent des solutions de financement d’actifs sur mesure pour chaque marché tout en comprenant les spécificités locales est l’un des facteurs clés de réussite. 

Connaissances industrielles inégalées

​En restant à l’écoute du marché, le bon partenaire de financement d’actifs aura une connaissance spécialisée de votre environnement d’exploitation, des tendances de votre industrie, des défis et des opportunités, ainsi que des besoins individuels de votre entreprise. 

Un guichet unique 

Les principaux fabricants et concessionnaires rationalisent leurs opérations et simplifient les chaînes d’approvisionnement. Plutôt que de traiter avec de multiples fournisseurs, une facturation complexe et une charge administrative supplémentaire, beaucoup cherchent un guichet unique pour le financement d’équipement, avec des solutions de financement d’actifs sur mesure pour les clients et les réseaux de distribution. De nombreuses options existent pour chaque étape du cycle de vie de l’actif, des accords commerciaux aux accords de marque de distributeur en passant par les alliances stratégiques et les joint-ventures. 

​Trouver les bonnes solutions de financement et de fonds de roulement peut stimuler la croissance des ventes et favoriser la fidélité de la clientèle, par le biais d’options de financement en point de vente, allant de simples solutions en marque blanche à des opérations de financement interne entièrement intégrées. Travailler avec le bon partenaire financier permet d’améliorer l’expérience client et l’efficacité opérationnelle tout en simplifiant la gestion financière. 

Quand la Commission Européenne a lancé le « Green Deal » pour l’Europe en décembre 2019 ; elle a présenté un projet ambitieux pour le contient avec l’objectif d’effectuer une transition vers un avenir économique durable. Décrit comme « le premier pas sur la lune de l’Europe » il a exposé son ambition d’être le premier continent neutre en carbone d’ici 2050.

Quatre ans plus tard, la feuille de route définie par le « Green Deal » a apporté des changements significatifs, et aujourd’hui, l’Europe est sans aucun doute le pionnier mondial dans la transition vers une économie circulaire et à faibles émissions de carbone.

Mais à mesure que le changement climatique s’accélère et que nous nous rapprochons de plus en plus de l’échéance de 2050, une chose est claire : contrairement à l’atterrissage sur la lune, la destination finale de l’Europe est encore inconnue et si le « Green Deal » doit être un succès tout aussi historique, le défi résidera dans les détails.

QU’EST-CE QUE LA TAXONOMIE DE L’UE ? QUEL EST SON LIEN AVEC L’ÉCONOMIE CIRCULAIRE ?

La taxonomie de l’UE, la classification des activités durable de l’Europe, est l’endroit où aller creuser dans les détails. Elle étaye le « Green Deal » en définissant des normes pour que les activités économiques puissent être classées comme écologiquement et socialement durables, dans le but d’orienter les flux de financement vers ces activités. Faciliter la transition vers l’économie circulaire est l’un de ses objectifs principaux. Elle pourrait ainsi aider à débloquer les milliards de dollars de financement nécessaires à la démocratisation de la circularité.

Le développement récent d’une politique de taxonomie fait parler au sein des adeptes de l’économie circulaire, avec l’arrivée de nouvelles directives établissant des critères pour déterminer si certaines activités économiques apportent une « contribution conséquente à la transition vers l’économie circulaire » – une transition qui pourrait rapporter jusqu’à 1,8 milliards d’euros pour l’économie de l’UE d’ici 2030.

D’UNE NOTE DE BAS DE PAGE À UN THÈME CLÉ

Ce qui a attiré mon attention, c’est la réémergence de Product-as-a-service (PaaS) en tant que thème majeur pour l’UE et levier important dans la réussite de la transition vers l’économie circulaire.

En 2020, le PaaS avait été mentionné brièvement dans le cadre des 35 actions prévues dans le Plan d’Action pour l’Economie Circulaire (un composant majeur du « Green Deal » de l’UE), mais lors de la mise à jour de la taxonomie, l’UE a indiqué prioriser le PaaS en tant que mécanisme de réalisation de l’économie circulaire, cela donnera avant tout aux organisations les critères dont elles ont besoin pour la mettre en œuvre avec succès.

Les nouvelles lignes directrices définissent les modèles de Product-as-a-service comme « fournissant aux clients un accès à des produits à travers un service qui est soit axé sur l’utilisation, où le fournisseur est propriétaire et le produit est en leasing, partagé, loué ou mis en commun ; soit axé sur le résultat, où le paiement est prédéfini et le résultat convenu est livré (c.-à-d. payé par unité de service) » (p. 67).

Elles listent ensuite un éventail de catégories de produits manufacturés qui pourraient être alignés, notamment le textile, l’électronique, le mobilier et bien plus encore (p.67). C’est un premier pas vers la reconnaissance de l’étendue des possibilités que les modèles PaaS peuvent offrir.

Cependant, la liste est loin d’être exhaustive, avec les omissions notables de la technologie médicale, des machines agricoles, des équipements de construction et des automobiles. La plupart, sinon la totalité des secteur manufacturiers sont transformés par une digitalisation croissante et rapide, ce qui signifie des produits qui deviennent obsolètes du jour au lendemain. Dégager le maximum de valeur des ressources via des modèles circulaires comme le PaaS est donc primordial. Les directives seront surement étoffées dans les futures mises à jour pour inclure les possibilités infinies que les Product-as-a-service peuvent offrir à une multitude d’industries.

Les directives énoncent également les critères que les modèles PaaS doivent respecter pour être considérés comme apportant une contribution significative à l’économie circulaire. Tout d’abord, l’activité doit « permettre au client d’accéder et d’utiliser le(s) produit(s) tout en s’assurant que l’entreprise fournissant le service, comme un fabricant, un spécialiste ou un détaillant reste le propriétaire » (p. 67).

LE RÔLE DE L’INDUSTRIE DU LEASING DANS L’ÉCONOMIE CIRCULAIRE

C’est un appel aux armes pour l’industrie du leasing, qui a un rôle important à jouer pour aider les organisations à mettre en œuvre des systèmes qui facilitent la transition circulaire. Nous, locateurs, avons ici l’opportunité de nous appuyer sur notre expertise au sujet de la valeur résiduelle des actifs (ce qui favorise intrinsèquement la préservation des actifs et de leur valeur) afin d’offrir à nos clients une vaste gamme de services couvrant tout le cycle de vie d’un actif, des outils de gestion des actifs à l’analyse des données, au service de maintenance et à l’élimination durable en fin de vie.

Il est également intéressant de noter que les lignes directrices indiquent qu’une vie économique utile allongée grâce, par exemple, à la réparation/remise en état ou à une plus grande intensité d’utilisation (par exemple services de voitures partagées) sont deux types de conséquences positives permises par des modèles de PaaS et qui favoriseront la transition vers l’économie circulaire (p. 68). De toute évidence, les résultats de chacune de ces approches sont très différents parce qu’habituellement, plus un produit est utilisé intensément, plus sa durée de vie est courte.

Cela encourage fortement les organisations à s’éloigner des modèles de propriété traditionnels et à travailler avec des bailleurs, qui prônent l’optimisation de la durée de vie d’un actif plutôt que son utilisation au-delà de sa vie utile, pour se retrouver avec des composants de faible valeur avec peu de possibilités de réutilisation. Lorsqu’ils sont gérés correctement, les actifs peuvent fournir une valeur maximale aux organisations au cours de leur premier cycle de vie, être durablement et en toute sécurité remis à neuf et alimenter le marché de l’occasion avec des produits de haute qualité. C’est la marque de fabrique d’une économie véritablement circulaire.

Seulement trois ans après avoir été une simple note en marge dans le « Green Deal » de l’UE, le PaaS est maintenant explicitement inclus dans la taxonomie de l’UE, ce qui représente une grande avancée positive. Il reste encore beaucoup à faire pour créer un cadre favorable à une économie véritablement circulaire et donner aux investisseurs et aux entreprises les outils dont ils ont besoin pour mettre en œuvre des solutions circulaires.

La mise en place de ces paramètres permettra à l’UE d’accroître ses investissements durables, d’empêcher le greenwashing et d’aider les organisations à développer un commerce plus durable et plus sûr. Encadrons correctement ce « détail » et le ciel sera vraiment la limite.

Andrey Maramzine, Chief Sustainability Officer, BNP Paribas Leasing Solutions